Je ne sais pas

 
Lorsque j'étais enfant, j'avais ce fantasme d'avoir lu tous les livres écrits par tous les hommes sur la Terre depuis le début de l'écriture. Je voulais tout savoir sur tout. J'étais fascinée par les univers que je découvrais lorsque j'abordais une nouvelle matière à l'école :)

Complétant (ou exploitant?) cette curiosité naturelle, le système scolaire a ancré en moi le lien entre savoir et récompense. Excellente élève peu confiante dans sa valeur intrinsèque, j'avalais les enseignements avec boulimie, et je restituais des copies parfaites pour recevoir bons points et bonnes notes.

Ne pas savoir était mal, et l'est resté une bonne partie de ma vie d'adulte. Dans mes études supérieures, au travail, même dans ma vie personnelle, je devais toujours fournir une réponse. Et une bonne, tant qu'à faire ("bonne" signifiant "validée par l'autre").

Un burn-out et une nuit noire de l'âme plus tard, je ne prétends pas être arrivée au bout du chemin (en réalité, il n'y a pas de bout) (je ne suis même pas sûre qu'il y ait un chemin), mais s'il est une expression que je prononce de plus en plus, c'est celle-ci:

" Je ne sais pas "

Je ne sais pas de quoi demain sera fait.

Je ne sais pas pourquoi le monde est comme il est aujourd'hui.

Je ne sais pas ce que je veux.

Je ne sais pas si mes actes sont justes, si mes pensées sont glorieuses, si mes intentions sont louables.

Je croyais qu'avec l'expérience, on se connaissait mieux, mais ça non plus, je n'en suis plus très sûre...

***
"Je ne sais pas" - Portrait angélique
Encre sur papier
36 cm x 48 cm